Selon l’Agence Ecofin, malgré leur niveau d’instruction élevé, les investisseurs camerounais en cryptomonnaies accordent très peu d’importance à l’encadrement juridique de leurs placements. Plus de 60% d’entre eux ne reçoivent pas un contrat au moment de leur adhésion à des entreprises proposant ce genre de produits d’investissement.
D’après l’agence ecofin, près de 80% des investisseurs camerounais en cryptomonnaies reçoivent leurs bénéfices par des moyens de paiement à faible niveau de traçabilité de la part de nombreuses entreprises opérant dans ce domaine sans un véritable contrôle, selon un rapport publié le 24 août 2023 par le ministère camerounais des Finances.
Intitulé : « Etude sur le développement de la cryptomonnaie et des activités relevant du système de Ponzi au Cameroun », le rapport se base sur une enquête menée sur le terrain auprès de 18 entreprises offrant les « services de cryptomonnaies » et de 1872 individus effectuant les placements dans ces actifs numériques.
Au vu de l’illégalité de l’activité des entreprises proposant des produits d’investissement dans les cryptoactifs au Cameroun, la réception des revenus des placements par les investisseurs se fait essentiellement via les retraits en espèces dans les locaux de ces structures (28,2%) et le mobile money (51,4%) précises ecofin. Les virements bancaires ne sont utilisés dans les rémunérations qu’à hauteur de 20,4%.
Pour effectuer des placements, les investisseurs interrogés utilisent également des moyens à faible traçabilité. Près de 50% font des dépôts en espèces, et 31,4% recourent aux dépôts via les services de mobile money.
Ces canaux de paiement et de dépôt à faible niveau de traçabilité sont d’autant plus inquiétants que le Cameroun a estimé à 160 milliards FCFA les flux illicites liés à l’utilisation des cryptomonnaies par des terroristes pour la période 2018, dans sa première évaluation nationale des risques (ENR) de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme.
Les investisseurs sondés, dont la moyenne d’âge se situe à 31 ans et les revenus sont dans l’écrasante majorité des cas moyens ou bas, accordent également très peu d’importance à l’encadrement juridique de leurs placements bien que près de 65% d’entre eux soient des diplômés du supérieur.
Pour ecofin, 39,3% seulement des répondants affirment avoir reçu un contrat au moment de leur adhésion aux entreprises proposant des produits d’investissement dans les cryptomonnaies, et parmi eux, 89% affirment avoir effectivement pris connaissance du contenu dudit contrat avant la signature.