…Dr Abdoulaye-Sabre Fadoul, cher ami, j’ai cherché ton post DNI 6 mais je ne l’ai pas trouvé… j’espérais qu’en le lisant, je trouverais l’élément le plus critique, le plus attendu de tous les analystes soucieux de la réussite de ce processus de transformation de notre pays: LA GESTION DE LA TRANSITION… mais j’imagine que ce point fera l’objet d’une publication ultérieure, quand bien même notre fameux « dialogue » tire à sa fin (heureusement d’ailleurs, car il aura déjà TROP duré, et gaspillé le temps et l’argent du contribuable)… mais revenons sur la question de l’éligibilité ou de la non éligibilité: j’avais déjà dit ailleurs que cette question est dans le meilleur des cas, subsidiaire, et dans l’hypothèse pessimiste, une tentative du CODNI et du Présidium de nous éloigner des sujets de fond, ou plutôt DU SUJET DE FOND, à savoir LA GESTION DE LA TRANSITION ET SON CARACTÈRE RÉELLEMENT INCLUSIF….
…dans le Sahel, nous avons vu le Mali s’empresser de tourner la page de sa transition de 2012; nous avons vu aussi le Burkina Faso dérouler un planning unanimement salué de sortie de crise après les révoltes populaires de fin 2015; nous avons aussi vu la Guinée Conakry, en 2009, tourner violemment la page de sa transition; nous les avons tous vus organiser des élections plus ou moins crédibles, et être félicités par ceux qui ne sont ni guinéens, ni burkinabé, ni maliens…puis nous les avons vu replonger, rapidement, dans le chaos… aujourd’hui, force est de constater que tous ces pays avaient suivi une même trajectoire: coup d’Etat, ou révolte populaire, mais dans tous les cas changements non constitutionnel de pouvoir; transition, de courte durée; puis organisation des élections; puis nouveau pouvoir, ou plutôt, re-maquillage de l’ancien en nouveau… puis nous avons vu, plus tard, deux ans après, six ans après, et huit et neuf ans après, de nouveaux coups d’Etat… et rebelote…
…2020 et 2021 auront été des annus horibilis sur le front de la démocratie en Afrique… mais contrairement à ce qu’ils avaient fait en 2009 et en 2012, et en 2015, Guinéens, Maliens et Burkinabé ont cette fois-ci décidé que l’histoire était une école, et qu’ils s’assoiraient sur ses bancs pour apprendre et tirer des leçons pour le futur. Ils ont appris à apprendre…Ils ne se pressent donc plus; dans chacun de ces pays, les forces vives ont décidé ENSEMBLE de gérer leurs TRANSITION ENSEMBLE… ils partagent le POUVOIR ENSEMBLE; et ENSEMBLE ils sont en train de construire les fondements institutionnels de ce que seront leur futurs Etats… voilà pourquoi le futur Mali sera une réussite… le futur Burkina Faso sera plus intègre; et la future Guinée sera plus stable…
…au Tchad, le CMT a décidé dès le départ que le POUVOIR NE SERA PAS GÉRÉ ENSEMBLE; il s’agit d’un pouvoir MILITAIRE, qui devra rester entre militaires; mieux, l’objectif avoué était d’opérer une transition rapide pour un RETOUR RAPIDE À L’ORDRE D’ANTAN… et c’est cela qui frustre les acteurs politiques et les citoyens; c’est à cause de cela que toute tentative d’inclusion du CMT dans les futurs jeux électoraux est suspecte… autrement dit, il ne s’agit pas de discuter du droit ou de la légitimité du CMT d’être candidat ou non: il s’agit de s’assurer que l’on ne revienne pas dans ce système qui nous a gouverné par la mal gouvernance durant trente années…
…le CMT a une occasion unique dans notre histoire de dire ceci: nous avons un pays à construire ensemble; utilisons cette période transitoire pour le faire ensemble; gérons cette transition ensemble…ENSEMBLE signifie simplement ceci : un conseil militaro civil; un president militaire et des VP civiles; un gouvernement élargi à toutes les forces vives; un CNT réellement REPRÉSENTATIF et pas désigné selon les goûts et les amitiés du Palais Rose… ce CMCT, et son gouvernement auraient pu développer un véritable chronogramme de transformation institutionnelle du Tchad, et auraient pu le mettre en œuvre ENSEMBLE…
…crois moi cher ami, si la TRANSITION avait été inclusive, digne et constructive, avec un partage équitable des pouvoirs, personne ne s’opposerait à ce que Mahamat Idriss Deby Itno, malgré son patronyme, soit candidat au fauteuil présidentiel…mais la transition n’est ni inclusive, ni sérieuse… elle veut RECONSTRUIRE L’ORDRE D’ANTAN…
…en conclusion, ce débat, opportun parce que nous y sommes forcés, n’est pas un débat juridique; il s’agit d’un débat citoyen, et de bon sens…
Fraternellement!